France - Afrique : cinquantenaires des indépendancesPDFImprimerEnvoyer
Les célébrations de cinquantenaires des indépendances  sont faites à la satisfaction de la France à la lumière des accords de coopération qu'elle a imposés à ces États.

Le millésime 10 est l'année de la célébration des cinquantenaires des indépendances de l'Afrique francophone. L'ex-AOF et l'ex-AEF morcelées en treize (13) États (07 en AOF et 05 en AEF) ont accédé à la "souveraineté internationale" en 1960 à l'exception de la République de Guinée qui a conquis sa liberté à la suite du référendum d'auto -détermination en 1958 et qui, par ce fait, a acquis une totale indépendance politique et économique vis à vis de l'ex-Métropole. La Guinée des Présidents Sékou Touré et Conté n'a jamais cédé au diktat de la France.


Ce qui n'a pas été le cas des autres États Africains francophones qui ont bénéficié de la volonté de l'ex - colonisateur qui a consenti des transferts de pouvoirs en leur faveur. Les célébrations de cinquantenaires des indépendances sont faites à la satisfaction de la France à la lumière des accords de coopération qu'elle a imposés à ces États. Les grands moyens financiers soustraits des finances publiques sont affectés à ces festivités. Ces dépenses constituent des défis aux peuples africains au moment où ceux-ci se débattent dans la pauvreté, la misère, la vie chère et le chômage. Le colonialisme français s'est mué en néocolonialisme paternaliste et hypocrite. L'on ne perçoit nulle part dans les États africains francophones une réelle volonté de briser les chaînes du néocolonialisme français. L'autopsie de ces cinquante années d'indépendance des États africains francophones fait ressortir deux périodes distinctes à savoir la période de 1960 à 1968 au cours de laquelle certains se sont affranchis de la tutelle de la France, tel est le cas du Mali de Modibo KEITA qui en créant sa propre monnaie et en réorientant ses relations politiques et économiques vers d'autres pays a exercé totalement les attributs de sa souveraineté, économique, politique et sociale.


Ces périodes de libération des peuples africains du joug du néocolonialisme français ont été de courte durée au regard des autres périodes de ces cinquante années des indépendances.


Ces courtes périodes au cours desquelles les peuples africains francophones ont été fiers des indépendances africaines n'ont jamais été médiatisées par les Gouvernants africains et fêtées comme il se doit. Ainsi l'on se pose la question, pourquoi ces cinquantenaires d'indépendance; pourquoi n'avoir pas célébré le vingtenaire ou le trentenaire ou toute autre période d'indépendance. Pourquoi associer le néocolonialiste français aux cinquantenaires des indépendances vues les méfaits de la France en Afrique et particulièrement en Afrique francophone par ses ingérences dans les affaires intérieures de ces États et la création de la discorde entre les Peuples africains.


La France
 n'a aucun égard pour les Gouvernants et peuples africains. Cette affirmation est corroborée par le discours de Sarkozy à Dakar et les "insanités" proférés contre le Président MUGABE du Zimbabwe et récemment contre la Guinée de Dadis Camara. Le voyage de Sarkozy au Rwanda a pour objectif de dresser les Tutsis contre les Hutus sinon quel autre intérêt la France cherche au Rwanda ; si elle veut faire de l'humanitaire qu'elle laisse les travailleurs africains sans papiers vivre paisiblement en France. En relâchant une Tutsie et en arrêtant une Hutue, la France ne fait que rallumer la haine entre les ethnies.

La plupart des États africains francophones sont des chasses-gardées de la France, aux plans économique et politique. Ces États ont concédé leur souveraineté à la France. La monnaie, qui est l'un des attributs essentiels de la souveraineté, est toujours sous la coupe de la France même si on parle de garantie du CFA par la zone "EURO". Le changement d'appellation de Comptoirs Français en Afrique en Communauté Financière Africaine du CFA n'y a rien changé.


Les fondamentaux de la monnaie qui sont, entre autres, la Balance des paiements, le Commerce Extérieur et le Compte d'Opérations sont toujours noyautés par la France. Contrairement aux États africains non francophones, qui ont la maîtrise de ces fondamentaux, les États africains francophones ne sont ni maîtres de leurs politiques économique et monétaire, ni de leur système politique, système imposé par la France par le biais de la démocratie à l'occidentale. Cette démocratie au profit des clans a conduit à accroître la corruption et le gaspillage amplifiant ainsi la paupérisation et l'exclusion sociale des populations africaines. Les États africains ne seront totalement indépendants qu'après avoir rompu avec le F CF A et ses avatars qui sont des instruments de la domination économique du néocolonialisme français. Un État ne peut maîtriser et gérer son économie (commerce extérieur, taux de change, balance de paiements, inflation) sans la maîtrise de la monnaie.


Vu leurs abondantes ressources naturelles, réelles et potentielles (agriculture, mines, matières premières), les États africains francophones peuvent s'affranchir de la tutelle économique et monétaire de la France. Unezone monétaire propre à la CEDEAO et à la CEMAC est faisable. Il suffit que les États africains francophones aient la volonté politique de se débarrasser du néocolonialisme français.


Les États africains non francophones l'ont fait vis à vis de leurs ex- colonisateurs anglais, espagnols et portugais. Le néocolonialisme français a toujours empêché le décollage économique et social de l'Afrique subsaharienne francophone en la maintenant dans la dépendance et l'hyper sous développement avec la complexité des Gouvernants africains.


C'est pourquoi, les peuples laissés pour compte n'adhèrent pas aux politiques néocolonialistes des Gouvernants africains.
 Ainsi, les élections soi disantes démocratiques sont boudées par plus des trois (03) quarts des inscrits.

Cette fraction ne cesse d'augmenter en raison de la progression de la paupérisation et de la misère dues à l'incurie des Gouvernants africains. Dans un tel contexte, comment peut-on faire l'éloge de la démocratie à l'occidentale ? Dans un tel contexte de néo-colonisation française comment les Gouvernants de l'Afrique francophone fête à grand fracas les cinquantenaires des indépendances en compagnie de l'ex colonisateur jusqu'à envisager de faire défiler les troupes africaines sur les Champs Elysée. Ce sont là des comportements qui frisent le mépris envers les peuples africains néo colonisés par la France et constituent un sacrilège de la mémoire des illustres africains qui ont sacrifié leur vie à lutter contre le colonialisme français et ses valets africains.

Tiécoro Diakité Docteur En Économie du Développement (Paris 1)

Ex - Expert Principal du BIT  Lauréat International AWARD 2008